Les meilleurs hôpitaux

La plupart des hebdomadaires publient tous les ans un classement des cliniques et des hôpitaux. Ces classements sont basés sur l'étude des chiffres publiés par la sécurité sociale à partir des données qui lui sont transmises par les centres hospitaliers publics et privés (PMSI). Les hebdomadaires choisissent les critères d'analyse. Ces critères sont pertinents ou pas mais tous ont des biais.

A) Les principaux critères de jugement sont : 

  • le nombre de malades opérés : cela reflète la réputation d'un département de chirurgie mais pas toujours la valeur de chaque chirurgien travaillant dans ce département. Par ailleurs  la présence dans l’équipe d’un ou de plusieurs chirurgiens ayant le bistouri facile majore artificiellement ce chiffre.
  • La durée d'hospitalisation : plus elle est courte, plus l'on peut penser que la prise en charge chirurgicale a été efficace. Ce n’est qu'en partie vrai car les départements de chirurgie les plus réputés opèrent beaucoup de malades ayant fait un AVC, qui nécessitent une hospitalisation plus longue.
  • La lourdeur ou gravité de la pathologie prise en charge : le critère de risque le plus souvent pris en compte pour déterminer la lourdeur de l’opération est l’état cardiaque du malade alors qu’en chirurgie carotidienne la gravité, et donc le risque opératoire, est surtout déterminée par son état neurologique (un AVC multiplie par 4 le risque chirurgical).
  • La notoriété est déterminée par le nombre de malades venant se faire opérer d'un autre département : cela reflète la réputation d'un département de chirurgie mais cela avantage les centres hospitaliers parisiens publics ou privés car ils sont très proches des autres départements d'Île-de-France.
  • La technicité n’est pas déterminée par la qualité des chirurgiens mais par la quantité de personnel. L’autorité de tutelle définie le nombre d’infirmières et d’aides soignantes et de médecins nécessaires pour chaque type d’activité médicale. Une bonne note en technicité favorise les établissements qui ont un excédent de personnel et donc une mauvaise gestion financière. Il s’agit en général d’établissements en déficit chronique mais qui ne courent pas le risque d’une fermeture pour dépôt de bilan. Un autre critère évaluant la technicité est le nombre d'angioplasties carotidiennes rapporté au nombre d'opérations de la carotide. Ce critère ne reflète pas la qualité des opérateurs et favorisent les centres qui abusent de l'angioplastie au détriment de leurs malades.
  • Le taux de complications opératoires. Ce chiffre est fourni par le chirurgien et n’est pas contrôlé ce qui lui enlève toute crédibilité.
  • L’analyse de l’efficacité dans la lutte contre les infections nosocomiale est déterminée par l’existence d’un comité de lutte contre les infections nosocomiales et par la quantité de produits désinfectants utilisés et non par le taux réel d’infections post-opératoires. 
  • La présence d'une réanimation : en chirurgie carotidienne le recours à une unité de réanimation est exceptionnel. Une unité de soins continus et ou une unité de soins intensifs cardiologiques sont suffisantes.

B) Le critère de jugement le plus efficace

serait le taux réel de complications chirurgicales en fonction du caractère symptomatique ou asymptomatique des malades opérés, le tout validé par un audit neurologique. Cela n'existe pas et serait très compliqué à mettre en œuvre.

Conclusion

L'étude de ces classements donne une bonne valeur indicative sur la qualité de la prise en charge chirurgicale mais l'on ne doit pas en être obnubilé, pas plus que par le chirurgien souvent vu dans les médias ou par celui qui a fait le plus beau site internet.

Suivez les conseils de votre médecin référent et de votre spécialiste. Eux sauront vous indiquer un chirurgien qui réalise peut-être un peu moins d'opérations que d'autres mais qui le fait en prenant son temps, avec talent et humanité.